Notre Dame du Guet… et la symbolique des statues de Vierge en France.

L'histoire commence par un courrier de Mme Hannequin, surprise de découvrir à Mirebel une statue de Vierge, appelée Notre dame du Guet.

Pour elle, N.-D. du Guet, c'est celle de Bar le Duc.

En 1440, alors que les soldats d'Antoine de Vaudémont arrivaient silencieusement au niveau de la porte pour s'emparer de la ville, la statue de la Vierge placée dans une niche au-dessus de la Porte-aux-Bois, située dans le rempart sud-ouest de la Ville-Haute, cria " Au guet, au guet, la ville est prise !"

Un attaquant furieux lança en direction de la statue un morceau de tuile, en criant "Prends garde à toi ". La Vierge rattrapa la pierre, la donna à son enfant et le soldat tomba mort.

Ses camarades s'enfuirent en criant "Dieu vous garde !" et la ville fut ainsi sauvée. De cet évènement, la statue héritera de son nom.

En 1914, lors de la première bataille de la Marne, la ville est menacée par les bombardements allemands. Monseigneur Ginisty, évêque de Verdun, vint à Bar le Duc rendre visite aux blessés et plaça la ville sous sa protection. Une foule immense se rendit à l'église St Etienne prier ND du Guet. L'offensive fut stoppée et la ville épargnée.

En conséquence, le 15 juin 1919, il fut décidé du couronnement de la Vierge sous l'impulsion de Mgr Ginisty. Les habitants donnèrent bijoux et pierres précieuses pour la confection des couronnes de la Mère et de l'Enfant, par le maître-orfèvre Biais, de Paris. Les couronnes furent faites d'or et d'argent, ornées de 197 perles, 66 éclats de diamants, 16 brillants, 13 rubis, 27 turquoises, 10 améthystes, des lapis-lazuli et des citrines. La cérémonie de couronnement eut lieu le 14 juillet 1920, faisant de la statue l’une des quatre Vierges couronnées du diocèse de Verdun.

En 1670, après le démantèlement des remparts, la statue fut placée dans une chapelle à proximité de l’ancienne Porte aux Bois. Elle y demeura jusqu’à la Révolution. Le 27 juillet 1794, des profanateurs la basculèrent par terre. Les morceaux furent conservés. Et c’est en 1805 que le curé d’alors, Claude Rollet, transféra la statue réparée dans l’église Saint-Étienne.
Mutilée encore en mars 1996, elle a été à nouveau restaurée en 1997.

Cette statue est toujours visible dans une chapelle latérale, sous le vitrail qui raconte les faits. L'église compte plusieurs vitraux répertoriés à l'inventaire général du patrimoine culturel. Un vitrail du XIXè siècle représente le miracle de Notre-Dame du Guet.

La statue est classée au titre d'objet aux monuments historiques le 20 avril 1913, et les couronnes sont inscrites à leur tour le 20 novembre 1992.

La fête de Notre-Dame du Guet a lieu chaque année en l'église Saint-Étienne le dimanche qui suit la Présentation de Marie au Temple (le 21 novembre).

Sources :

Mme M-Hélène Hannequin

http://caoa55.free.fr/chap2/album/notices/aoa0153.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/Notre-Dame_du_Guet

Symbolique et apparition des statues de Vierge en France

Bénédicte Renaud-Morand, conservatrice en chef du patrimoine et chercheuse à l'Inventaire des Monuments Historiques, a rédigé dans un article intitulé

« Un motif paysager récurrent : les statues de Vierges colossales sur promontoire rocheux » une  description historico-religieuse de ces Vierges embrassant de leurs mains tendues tout un territoire.

Elle nous explique comment la mise en place de ces statues, dès 1869, suite à l’apparition de la Vierge Marie à  Ste Bernadette a favorisé un mouvement « de piété collective, à la fois demande de protection du territoire et action de grâces pour les prières exaucées ».

Nous trouvons sur le territoire français la présence d’un maillage de statues érigées sur des promontoires plus ou moins naturels. Les châteaux-forts ruinés en haut de leur éperon rocheux a permis l’érection des statues, offrant le choix d’une position dominante, d’un panorama souvent à 60°, la possibilité d’être vues loin à la ronde et marquer ainsi par leur présence une forme de pouvoir par rapport aux communes voisines.

Cette implantation permet de croiser des paramètres religieux, romantiques, touristiques et de domination symbolique.

B. Renaud-Morand note la concomitance de l’essor du chemin de fer et de l’apparition de ces Vierges dominantes, destinées à être vues du voyageur.

Cette étude très intéressante nous permet de mieux comprendre les enjeux de notre patrimoine.

En ce qui concerne ND du Guet à Mirebel, nous n’avons pas d’informations sur ses origines. Pourquoi s’appelle-t-elle ainsi ?  Qui guettait-elle ? De quels dangers devait-elle avertir les habitants ?

A ce stade de nos recherches, il semblerait qu’il n'existe pas d’autre ND du Guet, en dehors de la célèbre de Bar le Duc et celle de Mirebel. 289km nous séparent de Bar le Duc. Quelle est l’histoire de notre belle et de son déhanché si particulier ? Sa couronne bien posée sur la tête, et non pas disposée en cercle au-dessus de sa tête, et le fait qu'elle ne porte pas l'Enfant en font un modèle à part. Son pied posé sur la tête du serpent nous assure de sa victoire sur le Mal.

Nous pouvons effectivement constater sa présence dominante et rassurante du haut de son promontoire avec ses bras ouverts. Elle voit tout et elle est vue de tous. Si nous tirons une ligne de son emplacement jusqu’à l’ancienne gare de Mirebel, nous constatons que son regard embrasse le paysage. La canopée de l’Heute était-elle moins fournie à l’époque ? Laissait-elle passer le regard admiratif ou plein de ferveur des voyageurs ?

Malgré ses mystères, elle reste un attrait touristique incomparable avec son belvédère et son point de vue à 180°, qui domine les plus beaux paysages de la région.

Sources :

https://inventaire-rra.hypotheses.org/4174

Il nous reste un cantique vantant ses qualités

Nous remercions toute personne ayant des informations sur Notre dame du Guet de Mirebel

de bien vouloir nous les communiquer.

Toutes nos recherches ayant été vaines.