PHM Patrimoine Historique et Naturel Mirebel commune de Hauteroche 39570 - programme des sorties botaniques
Pancarte de bienvenue sur le site du château de Mirebel
PHM Patrimoine Historique et Naturel Mirebel commune de Hauteroche 39570
Un bénévole de la PHM en train d'aider à la restauration de la citerne.
LES RUINES DU CHATEAU DE MIREBEL - I-S-M-H - Son histoire - Le plan des ruines et leurs explications

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LES RUINES DU CHÂTEAU de MIREBEL

 

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Le plan des ruines du château

Le site des ruines du château médiéval de Mirebel comporte 3 grandes zones:

 

I -  la Zone du château proprement-dit, délimitée par deux fossés associés à des murs transversaux. 

Aujourd’hui, on accède par une brèche dans l’enceinte sud, mais l’entrée ancienne est probablement celle au nord. C’est de ce côté que le fossé est le plus important du site (17m).

Le mur d’enceinte est présent à peu près partout en bordure de l’à-pic rocheux, souvent dégradé, parfois supposé même.

La base de cette enceinte semble épaisse partout de 1,20m.

 

A l’intérieur, on peut distinguer 3 secteurs:

  1. Au sud, un ensemble de creux et bosses, les premiers délimitant en partie au moins d’anciens  bâtiments écroulés (associés à des vestiges de murs), les seconds caractérisés en particulier par un grand bourrelet perpendiculaire au promontoire: s’agit-il d’une défense ou d’une limite de bâtiment écroulé?
  2. Le secteur central, avec les vestiges les mieux conservés
    - Au sud-ouest, les vestiges du donjon. Son plan, carré de 10m de côté environ, est classique. Il dispose d’au moins trois niveaux. Le second niveau a une fenêtre (à banquette?), (côté à-pic) des latrines à encorbellement et une archère donnant à «l’intérieur » du château. Les caractéristiques générales de cette construction la situent au XIIIe s.
    - Accolé au donjon,  un bâtiment plus récent. Des ouvertures au niveau de circulation actuel font penser qu’il peut s’agir d’un logis. Le sommet du mur présente les traces d’un chemin de ronde pouvant recevoir les sablières d’un plancher. A ce mur est associé un autre en retour, plus épais, sur toute la largeur du promontoire et aveugle: mur-bouclier?
  3. Le secteur nord, entre ce «mur-bouclier» et la porterie. Aucun bâtiment ne peut être distingué sauf ceux associés à la porterie.                                                            

 II -  Une Zone « vide » entre les fossés 2 et 3

Des investigations devraient y être menées pour confirmer cette quasi-absence de vestiges.

 

III -  La Zone entre les fossés 3 et 4

Elle se singularise par la présence d’ une citerne-réservoir, d’un bâtiment quadrangulaire de 7m x 11m avec au moins un étage sur plancher et des murs de 2,10m d’épaisseur, ainsi qu’une enceinte en limite de la plate-forme rocheuse. L’ensemble a les caractéristiques d’une redoute avec tour et réserves propres.

Rien ne  permet actuellement ni de dater cet ouvrage, ni d’en donner la fonction exacte; mais il est l’élément le plus original du site, voire unique dans la région.



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Histoire du château médiéval de Mirebel - 39570 - Hauteroche
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Le château médiéval de Mirebel, l’un des plus considérables du Jura,

existait dès le XIIe siècle  (il en est fait mention en 1172).

 

De nombreux villages en dépendaient: Faia (Fay en Montagne), Lasfaxas (Les Faisses, devenu Bonnefontaine) et villa Turbionis avec une maladrerie (hospice pour lépreux) fondés par l’abbaye de Château-Chalon; Villa d’On, fondé par celui de Baume-les-Messieurs; et Villa Besanis (Besain) fondé par Vaux, dépendance de l’abbaye de Gigny.

A ces villages s’ajouteront au XIVe siècle l’abergement de Lamarre-Josserand (La Marre), déjà cité en 1313, et Pois-Quarrey (Picarreau), nommé en 1402.

 

            «Le seigneur [de Mirebel] avait [sur tout son territoire] la haute, moyenne et basse justice, avec pouvoir de nommer un bailli, un châtelain, un procureur, un scribe, un sergent, des forestiers et messiers (personnes chargées de surveiller les cultures avant les moissons), d’avoir d’un signe patibulaire pour l’éxécution des criminels et un pilori pour l’exposition des coupables. Les sujets étaient tenus de faire le guet et tour de garde ainsi que les revues d’armes au château, et de contribuer à ses menus emparements; de payer les lods pour les mutations d’immeubles, à raison du treizième du prix et les droits de porterie et de gerberie; de faire les corvées dues ou de donner 4 sols et deux quartaux de froment et avoine par ménage. Ils devaient cuire leur pain au four banal, construit le long du grandchemin tirant de l’église de Mirebel à Lons-le-Saunier. Le seigneur avait la banalité de la rivière d’Ain, depuis la courbe des Clays, proche du Navoy, jusqu’au bief sortant du lac de Chalain ou Marigny, avec faculté d’y pêcher et faire pêcher... Il avait seul le droit d’exploiter les mines de fer découvertes sur le territoire.»

 

            Le premier Seigneur connu de Mirebel est Gérard Ier de Vienne, contemporain de Philippe-Auguste, premier roi de France à se donner ce titre. Gérard (ou Gyrard) était le fils du comte Guillaume 1er de Vienne, et le neveu de Rainaud III, comte de Bourgogne. Le château de Mirebel, avec les terres et droits qui en dépendaient, malgré maints aléas liés aux nombreux conflits entre grands féodaux, resta propriété de la maison de Vienne jusqu’au XVe siècle. Apparentée aux Comtes de Bourgogne et alliée à plusieurs  reprises à la maison de Chalon aussi bien qu’aux grands princes et barons de la région, la famille de Vienne était l’une des plus puissantes du Comté.

 

            En 1280 - à l’époque où le roi de France était Philippe le Bel - Jean Ier de Vienne, avait fait du château de Mirebel son lieu de séjour habituel (ce qui montre bien l’importance de ce château), comme en témoigne les chartes qu’on a de lui et qui sont datées, pour la plupart, de Mirebel. Il reconnut successivement comme suzerain, Jean de Chalon, comte d’Auxerre (en 1284), Otton, comte Palatin de Bourgogne (en 1287). C’est lui qui, en 1293, accorda une charte de franchises au bourg et à la ville de Mirebel. Et en 1301, il reprit de Jean de Chalon, une maison-forte dite Garde-le-Comte, sur le chemin des Vermillières entre Mirebel et Montrond (vestiges encore visibles).

 

            Henri de Vienne, petit-fils de Jean I (et fils de Vauthier, gouverneur et gardien du comté au nom du Duc de Bourgogne), résida aussi à Mirebel, de 1364 jusqu’à sa mort. Fait prisonnier par Brisebarre, fameux chef des routiers contre lequel il luttait, et emprisonné au château de Scey, il avait été libéré par la chevalerie du Comté, dont ses deux fils, aux cris de «Saint André et Vienne». Notons que l’église paroissiale de Mirebel, probablement ancienne chapelle  castrale, est placée sous le vocable de Saint André. c’est ce même Henri de Vienne qui, le 1er mars 1367, affranchit un Pierre de Grandvaux, habitant de Mirebel, de toutes tailles, corvées et services. Il fut inhumé dans l’église abbatiale de Baume- les-Messieurs. Son frère, jean II, était archevêque de Besançon.

 

            Henri avait deux fils: Gauthier (ou Vaucher), l’aîné reçu Mirebel dans son héritage et Jean (IV?), le plus connu, Amiral de france. Gauthier avait épousé Jeanne, dame de Joux, une des plus riches héritières de son temps et mourut sans enfant vers 1399. Ses biens, et donc Mirebel, passèrent à son neveu Gauthier, fils de son frère Jean, puis à un autre Jean de Vienne, sire de Pagny.

 

            Quelques mots sur le fameux amiral Jean de Vienne (1341 env.-1396): Jean de Vienne participa à de nombreux combats au cours de la guerre de Cent Ans, d’abord dans l’armée de Charles le Mauvais, roi de Navarre (notamment à Cocherel 1364), ensuite dans l’armée de Charles V (à partir de 1369), qui le fit  amiral de France en décembre 1373. Il dirigea en particulier le siège de Saint-Sauveur-le-Vicomte en 1375.

Il fut l’organisateur de la marine dont Charles V avait ordonné la construction en vue d’une éventuelle expédition en Angleterre. Il dirigea l’expédition d’Ecosse de 1385, puis participa à celle de Gueldre en 1388. Il avait combattu les Turcs, sur le détroit des Dardanelles, lors de la croisade ébauchée en 1366 et prit part à la croisade d’Afrique en 1390. Il participa à la dernière grande entreprise de la sorte, déclenchée en 1396 contre l’empereur turc Bayézid (Bajazet) pour tenter de protéger l’Europe danubienne de la menace ottomane; il fut tué à Nicopolis, la bataille qui scella la victoire des ottomans, quelques années avant que ceux-ci ne soient à leur tour submergés par les mongols de Tamerlan.

 

           Jean de Vienne, sire de Pagny, reprit donc Mirebel au début du XVe siècle. Rien ne dit qu’il ait habité Mirebel. Par contre, comme semble l’indiquer une lettre de lui en mars 1403 - par laquelle il dispensait les habitants de sa seigneurie de contribuer aux réparations des murailles du bourg de Mirebel suite au passage de l’armée formée par Philippe le Hardi, Duc-Comte de Bourgogne et placée sous les ordres de Jean de Vergy, maréchal et gouverneur de la Comté. Il est probable que le château de Mirebel avait connu lui aussi des dégâts importants à cette occasion.

 

            A la mort de Jean de Vienne en 1422, le fief de Mirebel quitta la famille de Vienne. Le patrimoine de Jean de Vienne passa à ses neveux, en particulier Jean de Rye qui vendit ses droits à Louis de Chalon-Arlay. C’est à cette époque que Jeanne de Vienne, la mère d’un des héritiers permit à Oudot Grandvaux,  son chapelain, de construire un four dans sa maison.

 

            Malgré de multiples péripéties du fait de mésentente entre les enfants, de Louis (séquestration du château et administration de la châtellenie par le Duc-Comte de Bourgogne), Jean de Chalon-Arlay IV, Prince d’Orange, finit par réussir à acquérir l’ensemble de la propriété de 1475 à 1477, année de la mort de Charles le Téméraire.

En 1479, les armées de Louis XI ruinèrent en partie le château-fort de Mirebel, comme de nombreux autres en Comté et Louis XI confisqua les biens de Jean de Chalon-Arlay pour les donner à Jacques Maillardet, seigneur de la Muire. C’est ce Jacques Maillardet qui, le 5 juillet 1496 affranchit Jean-Claude, Louis et Jean Touiller des cens, tailles, corvées.... Les Touiller étaient une vieille famille de Mirebel et y occupaient des emplois de châtelains, greffiers ou notaires. Ils y construisirent le château actuel situé au pied de la Côte de l’Heute. De cette famille sera issue Anatoile-Françoise Touiller, morte en odeur de sainteté au monastère des clarisses de Poligny.

Les Touiller s’allieront ensuite à la famille d’Olivet, seigneur de Chamolle, qui donnera plusieurs conseillers au Parlement de Franche-comté dont un, Joseph, sera membre de l’Académie Française sous Louis XV.

 

            La seigneurie de Mirebel fut restituée au début du XVIe siècle à la famille des Princes d’Orange et eut alors les mêmes seigneurs que Lons-le-Saunier.

La famille de Chalon-Arlay devait ensuite, devenir, par mariage, Orange-Nassau et régner sur les Pays-Bas en tant que stathouders, puis rois comme c’est encore le cas aujourd’hui. Quant au château de Mirebel, il ne se releva pas de ses ruines. Dans un inventaire daté de 1532, on peut lire à propos de Mirebel, et d’autres châteaux voisins: «tous lesquels chasteaux cy- dessus, par le temps des guerres des François, que furent envyron 50 ans, furent ruynez et n’y a eu depuis demeurance, capitaines ny gardes»

Et en 1553, dans «Descriptio Superioris Burgundiae» (Description de la Franche Comté), Gilbert Cousin, secrétaire d’Erasme, écrivait à propos de la place de Mirebel :

«Elle étale encore, dans ce pays de ruines, son château en partie debout. Aucune place de la Bourgogne ne montre des ruines plus dignes de mémoire».

 

            Dans une reconnaissance de 1558, on peut lire «Le château et maison-forte de Mirebel, pourpris [habitations] et appartenances, est assis sur une roche en montagne, sur le bourg et village de Mirebel, du côté du soleil levant, et est le dit château en ruine, sauf une belle et haute tour qu’est au milieu du château couverte de laves, et sont planchers et prisons au bas d’icelle; auquel château et maison-forte les habitants et sujets sont tenus de faire guet et garde, et contribuer aux menus emparements».

Autrement dit, si le château n’était plus habitable, il servait encore de poste de guet et pouvait avoir donc encore un rôle militaire. Sans doute est-ce pourquoi, les troupes d’Henri IV ruinèrent-elles en 1595 - comme le dit Rousset - cette tour qui restait encore jusque là.

 

            C’était il y a 420 ans !

Et depuis les ruines sont passées par héritages successifs, de propriétaires en propriétaires, toujours dans la descendance des Chalon-Arlay, Princes d’Orange,

jusqu’à ce que la commune de Mirebel en fasse l’acquisition en 2002.